Notre mariage n’aurait jamais été ce qu’il a été* sans le tantra
Notre mariage n’aurait jamais été ce qu’il a été* sans le tantra
*déconstruit, inclusif, co-créatif, sacré, interpellant, communicatif (et tout cela sans « faire de tantra »)
Pourquoi nous marier officiellement alors que nous avions déjà le sentiment de s’être épousés, notamment lors d’un rituel d’union tantrique avec quelques ami.es de notre sangha ? Le mariage tel qu’il est conventionnellement envisagé ne nous faisait pas rêver, soit trop marqué par un héritage religieux sans véritablement ouvrir les portes du sacré en soi-même ; soit réduit à une grande fiesta dont les ingrédients ne nous semblent pas suffisamment profonds pour incarner notre vision de l’Amour. Et pourtant, cette question ne s’est finalement pas vraiment posée à nous, la réponse s’est imposée en un grand Oui. C’est parfois la Vie qui vous épouse sans même qu’on le décide !
La puissance des partages, des intuitions, de l’authenticité, de la complicité, que nous permet de cultiver le tantra nous a d’emblée propulsés sur un niveau d’intimité inédit. Ce noyau intime si concentré sur l’essentiel, si profondément nourri au quotidien et dans la pratique tantrique rend la perspective du mariage enivrante ! Fidèle à nos chemins d’âmes, et non pas à une quelconque morale extérieure. Se marier revenait alors pour nous, non pas à préparer le futur, mais à reconnaitre et célébrer ce qui est déjà là au présent : tout s’est déjà épousé en nous, pourquoi ne pas le partager et en faire une célébration !? Et nous voilà partis pour répondre à l’appel d’un mariage hors des normes, à l’écoute d’un Amour-Union qui nous agrandis et nous resynchronise immédiatement avec le vivant. L’évidence de danser notre Amour avec toutes nos familles (de sang, de cœur, d’âme…) nous a embarqués dans une aventure que nous n’aurions pas pu imaginer si intense et si féconde.
Oui mais… Comment réunir des milieux et des cultures si différents ? Comment être totalement nous-mêmes tout en incluant ceux et celles pour qui le simple mot tantra peut rebuter ? Une de nos intentions était de réunir des personnes qui dans la vie ne se rencontrent pas, ou peu, ou mal, afin de dépasser les idées reçues en faisant se rencontrer nos différents mondes au sein de cet espace d’Amour de notre mariage. Nous avons appris que quelques personnes hésitaient à répondre présentes à l’invitation, de peur d’être embarquées contre leur gré dans un mariage tantrique (allons-nous tou.tes finir nu.es dans les champs !?) ou polyamoureux (le tantra, c’est aimer tout le monde ?). Encore une belle occasion de prendre conscience de la puissance de l’inconscient et des préjugés sur le tantra. Pourtant, nous n’avions aucunement prévu de faire un mariage à proprement parler tantrique. Ce mariage-là, nous l’avions déjà vécu. Cette fois, nous voulions ré-unir, oser faire se rencontrer des gens aussi différents que nos chemins de vie nous ont permis de croiser : membres de la famille catholique ou des athées, anciens collègues ou camarades de projets engagés, cercles spirituels divers, personnes en situation de handicap accueillies chez nous, tantrikas… Le simple fait que nous soyons animateur.trice a provoqué des réticences, de la curiosité teintée de mystère mais surtout un magnifique élan, signe d’une grande ouverture à l’altérité quand il s’agit de partager l’Amour ! Et c’est là qu’être un couple peut être porteur d’un puissant potentiel de rayonnement, de réconciliation, de communion universelle bienfaisante pour tou.tes. Cet élan nous a profondément touchés et soutenus dans l’envie irrépressible de vivre un grand moment de communion, avec et au-delà de nos différences, pour honorer ce qui nous unit, dans quelque chose de profondément commun : la joie, la ferveur de vivre, la saveur d’exister, la transcendance de ce qui nous limite dans nos identités pour gouter à ce qui nous dépasse.
Nous avons vite réalisé qu’il n’était pas nécessaire de « mettre du tantra » dans ce mariage, car notre simple noyau intime diffuse un esprit tantrique sans même avoir besoin de le convoquer. Des ingrédients simples et porteurs :
- La liberté radicale d’être totalement soi-même, y compris le jour (les 3 jours !) de notre mariage : une autorisation à être drastiquement soi, tout en étant ensemble.
- Le lâcher-prise avec les attentes extérieures ne correspondant pas à nos élans, l’acceptation de décevoir, le dépassement de la peur du jugement, y compris de nos familles ce qui est souvent le plus archaïquement ancré… pour au final nous mettre au centre non par égo, mais par soif d’authenticité.
- La simplicité qui invite l’extra-ordinaire : un mariage chez nous, dans notre village de St Antoine l’Abbaye (certes classé parmi les plus beaux de France, ça aide !), entre la beauté émerveillante du jardin abbatial sous la majestueuse abbaye et le "brut de décoffrage" de la salle des fêtes ré-enchantée pour l’occasion… et aussi l’accueil de beaucoup d’invités chez les villageois.es, nos ami.es voisin.es, occasionnant des rencontres de cœur inattendues ! Le mariage a commencé par une déambulation musicale et culturelle la veille au soir dans le village, avec plus de 100 troubadours venus de tous horizons… de quoi créer des liens spontanés et haute fréquence avant même les épousailles !
- La joie d’une communication régulière et authentique avec nos invité.es avant, pendant et après le mariage, pour leur partager nos intentions, notre énergie, notre amour, nos vulnérabilités… et l’impression au final qu’avant même que ça commence tout le monde était déjà plus ou moins dans le bain.
- La co-création à toutes les étapes du mariage… avec la possibilités pour chacun.e de contribuer avec ses talents : nos ami.es musicien.nes, dans la puissance de leur élan d’amour et de générosité, ont littéralement embrasé le mariage, transporté les marié.es et les invité.es du début à la fin, créant un langage universel à chanter ensemble. Et aussi des dizaines d’invité.es, adultes et enfants, sont montées sur l’estrade lors de scènes ouvertes poétiques, musicales, humoristiques, sacrées… quels cadeaux incroyables que de recevoir tant d’amour à partir des élans et talents de chacun.es ! Nos ami.es tantrikas nous ont même proposé de remonter sur scène pour revivre et partager le rituel de danse tantrique au cours duquel nous nous sommes rencontrés pour la première fois… une danse Shiva-Shakti où en quelques minutes et une totale intensité de présence nous avons reconnu l’âme de l’autre et pressenti un amour miracle !
- L’expérience d’un sacré profondément joyeux et universel, au-delà de tout dogme, lieu de culte, intermédiaire religieux, conventions propres au mariage classique. Un sacré aussi simple qu’extatique qui libère, enchante, relie, réunit, guérit, assouplit… Vive les chants, les regards, les silences, les marches en spirale spontanées et improvisées à plus de 200, les partages du cœur, les danses collectives… Quelle bénédiction de chanter avec plus de 100 personnes (et 4 voix différentes) "Mitakuye oyasin", chant sioux qui signifie "à toutes mes relations" : le grand cadeau d'un mariage pour réunir et honorer toutes les cercles relationnels de notre vie. Avec une cérémonie spirituelle laïque totalement inventée par notre amie Océane à partir de ce qu’elle perçoit de nous, de notre couple, de notre union. Et si le désir était une force sacrée et transcendante ? Et si le tantra pouvait être accueilli dans cet instant pour ce qu’il est : un tissage d’amour entre deux êtres qui osent s’engager dans une voie qui pour eux a été source de libération, de guérison, de déconditionnement, de créativité sans limites, d’épanouissement total et d’amour infini ? Et si notre échange d'alliances – complétées par un nez rouge au doigt de chaque époux – était signe d’ouverture, de liberté, au-delà de tout enchainement ? Nous ne résistons pas durant cette cérémonie à faire un grand lâcher de nez rouges par dizaines dans le public, en symbole de notre vision d’une union faite de divine et permanente légèreté d’être !
Des jours et maintenant quelques semaines après le mariage, nous recevons encore des témoignages empreints de gratitude et d’émerveillements. Certaines personnes nous disent que désormais elles ne renonceront plus à leur rêve. D'autres écoutent encore les chants qui nous ont transportés durant tout le mariage. Des membres de la famille ou amis nous partagent combien leurs préjugés quant au tantra ont fondu face à la beauté de l'expérience partagée durant ces 3 jours d'Amour, de bienveillance, de spontanéité, de vitalité, de créativité… Nous partageons combien le tantra ne vise aucunement à convertir qui que ce soit, combien nous accueillons chacun dans ses propres croyances, et sommes honorés de pouvoir partager notre art de vivre tantrique au-delà des stages, simplement dans notre village, entouré.es par ceux et celles qui sont dans toutes nos vies, familiales, amicales, professionnelles, spirituelles, culturelles, locales, associatives, tantriques…
Pas de pratiques de tantra a proprement parler mais un « esprit tantrique » qui rend possible l’émergence d’un mariage universel, plus qu’à notre image, à l’image du plus grand en nous et au-delà de nous. La force de notre Amour a permis ce rayonnement au-delà de nous… nous rendant encore plus conscient du pouvoir des couples ou des amoureux à ré-enchanter le monde, à rayonner une force d’amour qui va au-delà de leur couple, à redonner du cœur, de l’espoir, de l’envie, de la flamme partagée...
Alors oui, cultiver son amour est un acte aussi intime que collectif, il en va du bonheur, de l’épanouissement, de l’harmonie de nos familles, de nos territoires, de nos sociétés ! Soyons des flammes d’amour, en nous et autour de nous !