Compte tenu de sa nature première – une voie spirituelle de transformation et d’éveil individuel – et du moment charnière dans lequel notre humanité se trouve, le tantra a-t-il la vocation, la légitimité, la capacité à s’affirmer comme une voie de transformation non seulement personnelle mais aussi plus collective, en soutien de la transition sociétale ?

Dans la 1e partie, le « point de départ », nous avons revisité les fondements du tantra à l’aune de cette problématique. Aux origines, le tantra serait né de l’expérience pluri-millénaire d’une civilisation pré-tantrique libre et égalitaire, en amour et respect de la Terre et des femmes. Par la suite, cette voie anti-conformiste a du se cacher pour survivre, dans la conscience des impasses d’une société aux valeurs inverses. Le néo-tantra, apparu dans les années 70, ré-insuffle cet esprit tantrique à la fois rebelle et naturel, de façon adaptée à notre monde et aux besoins / aspirations spécifiques de nos contemporains. Ce voyage dans le socle historique, philosophique et pratique du tantra nous a ainsi permis d’y voir les « ingrédients » possibles d’une transition sociétale du fait de leurs impacts personnels mais aussi collectifs et culturels.

La 2e partie, le « point d’arrivée », nous laisse d’abord imaginer à quoi ressemblerait une société tantrique inspirante et stimulante « du XXIe siècle après la tan-tra-nsition ». De l’utopie à la situation actuelle, nous avons analysé les freins et leviers culturels de notre société vis-à-vis du tantra, entre défiance globale de la culture dominante et essor d’une contre-culture alternative plus favorable. A partir de ces constats, nous avons abordé les domaines auxquels le tantra pourrait particulièrement contribuer en cette période cruciale pour l’humanité et le vivant. Au niveau individuel et inter-personnel : quête de soi et de sens, relations, couple, sexualité, régénération. Au niveau culturel : rapport au toucher, rapport au sacré avec des rituels de célébration des âges de la vie, éducation sexuelle pour tou.te.s, modes de vie conscients, joyeux, fondé sur l’écologie intérieure. Et enfin au plan structurel : vers une sortie du capitalisme et du patriarcat, en incarnant individuellement et collectivement un tout autre rapport au monde, fondé sur le véritable amour. Le tantra pourrait bien avoir des impacts majeurs au plan sociétal si les tantrikas l’assument et l’incarnent de façon ajustée, dans la conscience du trésor d’humanité qu’ils ont reçu.

La 3e partie nous propose donc des axes concrets et des propositions de “chemins” possibles pour que le tantra joue pleinement son rôle de soutien à la transition en diffusant naturellement son parfum. Avant tout, comme l’ont aussi souligné les enseignant.e.s/animateur.trice.s tantriques que nous avons rencontré.e.s, il nous semble important de nous reconnaître en tant que « communauté tantrique », tout en gardant chacun.e nos propres couleurs : pour observer nos zones d’ombres comme nos forces singulières ; pour mieux circonscrire ce qui relève du tantra – et ce qui n’en est pas (ou ce qui est connexe au tantra) ; et pour laisser émerger un cadre éthique collectif clair afin de permettre son expansion dans la conscience. Cela nous a mené ensuite à explorer joyeusement des pistes pour que le tantra aille au-delà des stages habituels et puisse féconder nos vies, en s’ouvrant à des publics plus diversifiés, ainsi qu’en tissant des passerelles avec les différentes sphères de la transition, là où le tantra peut être complémentaire… et peut-être encourager de nouveaux.nouvelles explorateur.trice.s du Vivant à s’aventurer en chemin de “tan-tra-nsition” sociétale !